La retraite pour plusieurs est synonyme de détente, d’activités sportives et de loisirs. Cependant, ce plan ressemble à un mirage pour plusieurs Québécois. Car 42,5 % des gens de plus de 65 ans sont endettés et 50 % d’entre eux vivent des difficultés financières.
Qu’est-ce qui explique que la moitié de nos aînés vivent dans la spirale étouffante de l’endettement ? Au téléphone, le conseiller financier en épargne Fabien Major nous répond par une autre question : « La génération YOLO, vous connaissez ? »
La journaliste avoue son ignorance. « C’est la génération You Only Live Once » qui signifie : on ne vit qu’une seule fois, profitons-en », explique l’Asssocié principal et fondateur de Major Gestion Privée.
Solitude et crédit
Souvent, l’endettement est lié à une question de solitude et de mauvaises décisions. « Les personnes âgées vivent en région et les enfants habitent à l’extérieur. Ils s’ennuient et consomment avec de l’argent qu’ils n’ont pas. »
On se gâte pour un voyage, des activités de loisirs sans avoir nécessairement l’argent. Un homme de 70 ans, par souci de coquetterie, a décidé de refaire ses implants dentaires pour une somme astronomique. Ses rentes de retraite ne suffisaient pas à régler ses dettes. L’ancien représentant des ventes a été obligé de retourner sur le marché du travail.
Dans un autre cas, un homme de 80 ans était certain qu’il allait mourir. « Il a commencé à décaisser ses économies en donnant de l’argent à ses proches », raconte M. Major. L’homme n’a même pas attendu le pronostic de son médecin qui lui aurait peut-être dit : vous êtes bon jusqu’à 95 ans.
Manque de planification
Pris dans le tourbillon quotidien, plusieurs retardent la planification de leur retraite. Un homme de 68 ans est arrivé dans le bureau de M. Major en disant : « j’aimerais avoir un plan ». La réponse du conseiller financier fut l’équivalent d’une douche froide. L’homme a appris qu’il devait travailler encore pour les cinq prochaines années avant qu’il puisse prendre sa retraite.
Ce manque de planification est observable lors du décaissement des économies des aînés. « Sans plan de décaissement, dit Fabien Major, plusieurs font une série de mauvais choix et paient trop d’impôts. »
De son côté, Johanne Giguère, CIRP, directrice régionale et syndic autorisé en insolvabilité chez Pierre Roy & Associés explique qu’à la retraite, les gens subissent des pertes de revenus de 35 %. « Si on encaisse la rente du Québec ou la pension de vieillesse du Canada et qu’on retire des REER ou FEER, l’impôt à payer à la fin de l’année augmentera puisqu’aucune réduction d’impôt (ou très peu) n’est prélevée. »
La perte d’un être cher
Au Québec, dans un couple, les finances sont souvent gérées par la femme. Lorsque qu’elle décède en premier, l’homme se retrouve démuni et même dans l’incapacité de gérer l’aspect financier. Aux prises avec l’Alzheimer, un septuagénaire a commencé à « oublier » de payer certains comptes. Sa famille, près de lui, l’a cependant aidé à reprendre ses finances en main.
Dans son bureau, Johanne Giguère, rencontre des veufs ou veuves qui ont perdu le contrôle de leurs finances. « Dans un couple de personnes âgées, souvent, les revenus de l’un des deux servent à payer le loyer, les services d’électricité, de téléphone, etc. et les revenus de l’autre, les cartes de crédit. »
Lorsqu’un décès survient, la personne qui survit se retrouve alors avec la totalité des charges à payer. Ses rentes atteignent toujours le même montant soit le maximum 1 600 $ par mois.
Concept de pensée magique
Les quotidiens en parlent presque tous les jours : la dette des ménages au Canada grimpe plus vite que les revenus. Fabien Major et Johanne Giguère connaissent la raison. « C’est le syndrome de la pensée magique : les gens ne réalisent pas qu’en utilisant leurs cartes de crédit, ils doivent les payer plus tard », dit Mme Giguère.
Dans son bureau, elle voit des gens découragés. « Je paie 150 $ et ça ne diminue pas ma dette », déplore un de ses clients. « Vous comprenez qu’en payant 143 $ d’intérêt, cela diminue que de 7 $ le capital sur votre carte. »
Honte et mirage
Les aînés ont souvent honte de leurs ennuis financiers. « Un couple a accumulé des dettes de 50 000 $ sur leurs cartes de crédit parce qu’ils ont aidé leur fils qui avait perdu son emploi », explique Johanne Giguère. Car, croit-elle, les personnes âgées se sentent souvent toujours responsables du bien-être de leurs enfants.
Certains n’osent pas en parler. « C’est le cauchemar des personnes âgées de devenir dépendants de leurs enfants. Tout cela parce qu’on a mal géré adéquatement nos finances », ajoute Fabien Major.
Lorsque les finances dérapent à la retraite, il faut se poser deux questions : pourquoi suis-je rendu là ? Comment puis-je reprendre la situation en main ? Le budget s’avère crucial afin de prévoir les revenus versus les dépenses.
Si on veut prendre sa retraite dans cinq ou 10 ans, que recommande-t-on ? « Dans un monde idéal, il faut avoir payer son hypothèque et ne plus avoir de soldes sur nos cartes de crédit dont celle des grands magasins », répond M. Major.
De son côté, Johanne Giguère ajoute : « Cela créé un stress supplémentaire de devoir payer des dettes à notre retraite. Il ne faut pas oublier qu’on est appelé à vivre de plus en plus vieux. La retraite ça devrait être une période où l’on puisse en profiter pour avoir du bon temps. »
Avant la retraite :
- Payer l’hypothèque de son condo ou sa résidence.
- Finir de payer toutes les cartes de crédit.
- Prévoir un coussin d’épargne pour les urgences.
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